lundi 3 avril 2017

En amont de l'aventure : la préparation de l'expédition.

Le seul moyen de se rendre dans les îles subantarctiques des terres australes et antarctiques françaises est de monter à bord du navire le Marion Dufresne II à la Réunion pour une traversée de une à trois semaines en fonction des districts.
 Le navire le Marion Dufresne II (Le Port, La Réunion). (©Laureline Chaise, MNHN, Henerges)

Il n'y a pas de piste d'atterrissage sur ces îles, situées à plusieurs milliers de kilomètres de la Réunion, nous permettant de nous y rendre en quelques heures ou dizaines d'heures.
Le travail de terrain en extérieur (trajets à pied ou en bateau, port de matériel, manipulations d'espèces sauvages...) ainsi que les conditions climatiques difficiles et l'isolement de ces îles (rendant tout rapatriement sanitaire quasiment impossible) en font des territoires "extrêmes" où le risque d'incident pour la santé est augmenté et doit être pris en compte d'un point de vue médical.
Bien qu'il y ait au sein de chaque base des moyens médicaux importants mis à disposition (pharmacie, radiologie, dentisterie, bloc chirurgical...) ceux-ci restent limités, maintenus par un à deux médecins, et non comparables à l'assistance médicale dont on peut disposer en France métropolitaine.
L’hôpital de la base d’Alfred Faure (Île de la Possession, Archipel de Crozet). (©Laureline Chaise, MNHN, Henerges)

Il est ainsi nécessaire pour toute personne s'apprêtant à partir en mission dans les TAAF pour plusieurs mois d'être en bonne santé et parfaitement valide. Il convient donc de passer un contrôle médical (groupe sanguin, vaccinations, radiographie du thorax, échographie abdominale, examens biologiques et dentaires etc.), voire psychologique, complet avant de partir.
Un autre point important en amont est la préparation du matériel scientifique qui servira sur le terrain. Nous devons déclarer à l'IPEV le nombre, le poids, le volume, le contenu et le coût des caisses ou cantines que nous désirons envoyer sur le terrain.
Pour que notre matériel voyage et arrive aux Kerguelen en même temps que nous, celui-ci doit être prêt et envoyé à la Réunion un mois avant le départ prévu du Marion Dufresne II.
Sur le terrain nous avons besoin de nombreux appareils de suivi et de mesure à la fois volumineux, lourds, voire fragiles et coûteux, qu'on ne peut prendre en avion dans nos bagages personnels pour lesquels nous sommes déjà limités en poids.
Plusieurs mois avant le départ il nous faut donc faire l'inventaire de tout notre matériel (appareils de mesure, consommables etc.), vérifier son état et son fonctionnement (charge des batteries, mise à jour des logiciels associés sur ordinateur etc.), voire commander à temps de nouveaux équipements.
Le besoin en équipement scientifique est directement lié au protocole de terrain mis en place, lequel doit être validé précédemment par un comité d'éthique (manipulations ou prélèvements effectués, espèces concernées, statut de protection, nombre maximum d'individus envisagés, techniques employées, compétences des membres de l'équipe...).
L'IPEV, entre autre, soutient financièrement les programmes de recherche scientifique en leur attribuant des crédits en fonctionnement et en équipement, qui permettent notamment l’achat du matériel nécessaire.
Les TAAF et le comité d'éthique (du département où se situe le laboratoire auquel est rattaché le responsable du programme) autorisent la récolte de données après examen de l'intérêt scientifique et de la méthode proposée.
Le but de la récolte de données sur le terrain est de permettre, par traitement puis analyse  a posteriori des données récoltées, de répondre à une question que l'on se pose dans le domaine scientifique concerné. On parle ici de recherche fondamentale, dont le but premier est d’acquérir de nouvelles connaissances sans en envisager de prime abord une application directe en particulier (en opposition à la recherche dite appliquée qui est dirigée dès le départ vers un but pratique déterminé en amont des travaux). Cela néanmoins n’empêche pas que des travaux originaux issus du domaine de la recherche fondamentale aboutissent à des applications pratiques inattendues (comme en santé publique ou en industrie), notamment par « biomimétisme » (ingénierie innovante s’inspirant du vivant, soit de ce que l’on trouve dans la nature !).

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