Nous avons
définitivement quitté Pointe Suzanne pour rentrer à la base de
Port-aux-français le 29 février 2016, pour un total d’environ 6 semaines de
terrain. Tous
nos objectifs ont été atteints, malgré une arrivée sur le terrain plus tardive
que les années précédentes (après le commencement du pic de mue des femelles
mi-janvier). Nous avons pu observer le comportement d'agrégation des éléphants
de mer et leur utilisation de l'habitat au cours de la mue, au niveau de la
population (sur la colonie), en fonction des variations météorologiques,
quotidiennement pendant une vingtaine de jours au cours du mois du pic de la
mue pour les femelles adultes. Nous avons pu suivre et observer individuellement
plus d’une douzaine d’éléphants de mer femelles au cours de leur mue, pour
étudier leur comportement, leur physiologie et l’énergétique de la mue chez
cette espèce, malgré la diminution rapide du nombre d’individus femelles
adultes en mue à partir de mi-février.
Comme la
prochaine rotation du Marion Dufresne II (OP1) ne passe pas à Kerguelen avant
mi-avril cette année, les membres de l’équipe ont plus d’un mois d’attente sur
base au cours duquel ils peuvent commencer à traiter et analyser les données
récoltées, faire l’inventaire du matériel qui restera sur base ou repartira
pour Paris, prêter main forte aux autres programmes scientifiques et rédiger le
bilan de campagne à envoyer à l’IPEV ou encore les premiers billets d’un blog…
A
partir du mois de mars, la baisse des températures se fait ressentir, annonçant
l’arrivée du long hiver austral qui attend les hivernants. En effet, plusieurs
mois d’hiver séparent les rotations OP1 et OP2 du navire de ravitaillement. Les
derniers « campagnards d’été » (scientifiques se rendant dans les
TAAF pour une campagne de terrain de courte durée, environ 2 à 6 mois, sur la
période de l’été austral) quittent tous l’archipel à OP1. Seuls les
« hivernants » qui ont un contrat d’un an (militaires, contractuels
et volontaires du service civique) vont rester, alors moins nombreux, et
occuper l’île pendant l’hiver austral, jusqu’à ce qu’ils soient relayés par
leurs successeurs aux rotations d’automne OP2 à OP4. Vous pouvez les suivre sur
le blog officiel du district : http://ileskerguelen.blogspot.fr/ (http://www.taaf.fr/O-Les-blogs-officiels-des-districts)
La
veille de notre départ des
Kerguelen, nous assistons aux premières neiges. Puis après des au revoir
chaleureux (certains hivernants et campagnards ont travaillé ensemble et se
sont côtoyés pendant plusieurs mois, apprenant à se connaître), annonçant le
début d’un isolement plus prononcé et parfois difficile pour les hivernants,
nous embarquons de nouveau sur le Marion Dufresne pour une traversée d’une quinzaine
de jours. Direction : La Réunion ; escale : Amsterdam.
C’est
en hélicoptère que le personnel est déposé sur l’île (à gauche), tandis que le
matériel est acheminé par barge (à droite) (île
d’Amsterdam, avril 2016 ; ©Laureline Chaise, MNHN, Henerges).
L’île d’Amsterdam, ou de la
Nouvelle-Amsterdam, (37° 50’
S ; 77° 31 E), avec
l’île de St Paul (38° 43’
S ; 77° 31’ E), représente
le district le plus récent des TAAF et bénéficie d’un climat plus clément, de
type océanique, avec une absence de neige toute l’année. Les falaises de l’île
hébergent de nombreux oiseaux marins tels l’albatros à bec jaune (Thalassarche
chlororhynchos) ou
l’albatros d’Amsterdam (Diomedea amsterdamensis), et ses eaux ou ses côtes
de nombreux mammifères marins, tels l’otarie d’Amsterdam (Arctocephalus
tropicalis) et
des orques (Orcinus orca).
Base
permanente Martin de
Viviès (île d’Amsterdam, avril 2016 ; ©Laureline Chaise, MNHN, Henerges)
Une escale à la journée à la base Martin de Viviès (plus petite, occupée
par une vingtaine d’hivernants) est pour nous l’occasion de s’acclimater au
réchauffement accompagnant notre remontée de l’océan austral puis indien
jusqu’à la Réunion, de revoir des arbres et de goûter à la fameuse langouste
locale.
Les otaries à
fourrure subantarctiques, ou otaries d’Amsterdam (Arctocephalus
tropicalis) adultes mâles sont reconnaissables, en plus
de la couleur de leur pelage brun foncé sur le dos et brun clair sur le ventre,
notamment par la crête de poils qu’ils portent sur la tête (île
d’Amsterdam, avril 2016 ; ©Laureline Chaise, MNHN, Henerges)
L’aventure se termine à notre arrivée à la Réunion début mai, puis
à notre retour en avion jusqu’en France métropolitaine.
Une réunion
d’équipe fin juin réunit tous les membres de l’équipe, ainsi que tous les
collaborateurs du programme HEnergES pour faire le bilan du terrain passé et
préparer en conséquence celui à venir (objectifs, protocole, personnel de
terrain, budget, commande de matériel etc.).
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